C'est certain que ça peut paraître un peu ridicule d'aborder le sujet très sérieux des conflits armés dans un blogue sur les wargames. Mais un jour ou l'autre, quelqu'un va me poser la question je suppose. Avant de m'y mettre, j'aimerais spécifier que de jouer à Mémoir 44 ou Europe Engulfed ne fait pas de moi un va-t'en guerre ou un "Faucon". Plusieurs wargamers, dont le fondateur des wargames modernes avec miniatures, HG Wells, étaient d'ardents pacifistes.
Non, je n'idéalise pas la guerre et je n'y vois rien de romantique. Je n'y vois rien de particulièrement positif non plus. C'est un mal nécéssaire. Comme dit le sénateur Dallaire (qui doit tout de même savoir de quoi il parle, il était quand quand même au Rwanda) "il y a un prix à payer pour défendre ses valeurs..."
Ces derniers temps, j'entends beaucoup parler de gens militants plus ou moins ouvertement pour le retrait des troupes Canadiennes d'Afghanistan. Je dois admettre que même si je respecte leur droit à cette opinion, ça m'irrite un peu. J'ai l'impression qu'il s'agit de gens à la mémoire très courte, peut-être les mêmes qui étaient horrifiés des "traditions" Talibanes d'exécutions dans les stades de football ou bien du dynamitage de Boudhas géants. Je ne veux pas me lancer dans de douteuses comparaisons avec Vimy, Overlord ou d'autres conflits où la présence Canadienne est aujourd'hui relativement facile à justifier, mais il arrive effectivement un temps où l'on doit prendre nos responsabilités. Le fait que nous soyons Québécois ne nous y soustrait pas, bien au contraire. Tout groupe qui souhaite se gouverner lui-même et rejoindre le concert des nations (quelle expression quétaine) ne devrait pas se permettre de se réfugier dans un isolationnisme ou une "pacifique indifférence" aussi illusoire qu'irresponsable.
Il y a quelque temps, de concert avec les Nations-Unies, ont choisissait d'intervenir en Afghanistan. Personne n'a dit que ce serait rapide ou facile. Une fois que la décision a été prise, il me semble absolument, criminellement, irresponsable de se retirer alors que si peu a encore été accompli. C'est certain que les pertes récentes sont tragiques. C'est certain qu'il y en aura d'autres avec la fin de l'hiver là-bas et le réveil de la guérilla Talibanne (qui y jouera possiblement ses dernières cartes). Je salue volontier les efforts déployés par les soldats des Forces Armées Canadiennes et j'aimerais les remercier pour ce qu'il font. J'aimerais aussi donner tous mes encouragements aux soldats de Valcartiers qui y seront sous peu envoyés relever leurs collègues, qu'ils soient du Rest of Canada ou non.
C'est nous qui souhaitions les voir intervenir là-bas et je crois qu'il est important de les supporter. Ça me semblerait justement un affront de leur demander de quitter maintenant, rendant futile les sacrifices en vies ou même en temps qui ont été faits. Déjà qu'on leur demande d'aller risquer leur peau sur un budget de misère et que certains rigolent des conséquences de ce manque de financement... faudrait pas pousser plus loin.
Le fait que nous soyons impliqués en Afganistan ne change rien au fait que d'autres conflits existent, qu'ils soient plus ou moins populaires. Notre intervention serait peut-être requise au Darfour, je crois qu'elle l'est toujours en Haïti comme en Afghanistan et je continue à croire qu'elle ne l'est pas et ne devrait pas l'être non plus en Irak. Mais ça reste hors-sujet. Laissons de côté les discours faciles du genre "on sait bien, on va là, mais pas à telle place dont les médias indifférents taisent les injustices" ou encore les très populiste "on y va que pour faire l'affaire des amaricains". Rien à voir. Je me rapelle clairement. On était horrifiés de ce qui se passait en Afghanistan et on voulait suivre l'ONU là-dedans. Maitenant, faut être à la hauteur de nos paroles. Ce qui se passe ailleurs est tragique, mais on s'est embarqué dans ce conflit là à l'époque avec un vaste appui public. Peu importe ce qu'on décide pour les autres conflits, on ne peut plus abandonner celui-là parcequ'on a oubliés de prendre nos pilules contre le déficit d'attention.
Une dernière citation de M Dallaire pour conclure: "Quand on est un pays qui a atteint un tel niveau de développement, on n'a pas le droit de se replier sur nous-mêmes, dans nos régions. On a une responsabilité de protéger les autres".
Bon, ben, je dois m'être fait bien des amis avec tout ça! En tout cas... Pour revenir à l'intro, pourquoi est-ce que j'aime les jeux de guerre si je ne suis pas un faucon? D'abord, comme les échecs, on s'entend que ça reste une abstraction, une forme de compétition sur un thème. Puis il faut l'admettre, ça reste un sujet palpitant qui a façonné notre histoire et n'a pas fini de le faire. Quelque chose d'aussi important ne peut être qu'intriguant et l'aspect simulation bien plus que l'aspect compétition me font continuer à apprécier les wargames.
Dommage qu'au Québec on aborde si peu l'aspect militaire dans nos cours d'histoire. Ça me semble aussi important et au moins aussi intéressant que d'apprendre le nom des rivières à l'époque de la colonisation. On aborde un peu les plaines d'Abraham, pas trop le choix, mais ensuite, à moins d'en faire en option, on saute pas mal directement aux vraies affaires: l'expo 67 et la révolutions tranquille... c'est important (pour une génération au moins) mais de là à occulter complètement la deuxième guerre mondiale avec ses U-boats jusqu'en Gaspésie et les nombreux Québécois ayant participé au débarquement ou à la campagne d'Italie? De là à occulter notre petite escarmouche avec les américains peu après leur indépendance? Pour être plus actuels, on peut aisément y ajouter l'époque des mesures de guerre ou encore les tensions sur les réserves. Dans les deux cas, les situations nécéssitent l'explication d'un contexte social et politique, mais la présentation sera probablement plus marquante. C'est comme écouter ce type de film qui commence par la fin, direct dans l'action. J'avais un prof au secondaire qui disais "les tit gars ils aiment ça la guerre!". Effectivement, ça nous intéresse. Ça pourrait être une idée d'en parler... je peux pas dire que je m'ennuirais trop des "projets" sur le terroir.
Je m'éloigne encore, mais en gros, je n'aime pas la guerre, mais je m'y intéresse. Du genre "sois prêt à la guerre si tu veux la paix". C'est fascinant et les wargames (et au moins un LARP sur l'opération Varsity, grenades en mousse ou non) me permettent d'explorer le sujet et ses répercussions sans que personne ne soit blessé (ou presque). Ah et tant qu'à me faire des ennemis, j'aime aussi les wargames parceque c'est pas des saletés de puzzle eurotrash!
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