Je n’ai pas eu le temps de continuer ma dissertation sur les jeux d’anges néo-médiévaux. Lesser Shades of Evil, comme je le disais est très récent et est un très beau livre. Mieux encore, le jeu a été créé par un Montréalais et ça mérite au moins mon admiration.
Encore une fois, un terrible cataclysme a ravagé l’humanité du futur, mais cette fois, le cataclysme est de main d’homme. Horrifié par les écarts éthiques et moraux de l’humanité, son attachement aux objets de consommation de masse, aux machines et au plaisir en général, un néo-amish décide de mettre fin à notre espèce pour la rebâtir à neuf. Il cache sa famille idéalisée dans un bunker et déclenche un apocalypse nucléaire/virologique à la surface. Lorsqu’il en ressort, il lance un ambitieux programme de terraformage et de clonage des 100 futurs fondateurs de sa société idéale. Il leur bâtit une première cité avec ses commandements gravés sur des murs impossiblement massifs. Continuant son « œuvre » eugénique, il transforme sa famille en anges immortels qui se présentent aux humains pour les sauver ou pour les éliminer s’ils sont trop faibles de foi ou de caractère. Bref, il suit un peu le vieux précepte de science-fiction comme quoi toute forme de science très avancée ne peut que s’apparenter à la magie.
De plus en plus satisfait de son œuvre, notre néo-amish se retire et se mêle de moins en moins du déroulement de l’Histoire. Il délègue à ses enfants, qui eux aussi, la population grandissante, créent de nouveaux anges immortels à partir des meilleurs exemples de l’humanité. Évidemment, ce qui devait arriver arriva et la chicane prends entre les membres de la petite famille angélique. La bataille rage et malgré leur quasi-immortalité, plusieurs sont détruits. Étant donné que les deux groupes qui s’affrontent sont presque égaux, il y a un statut quo causé par les pertes horrifiques de chaque côté. Statut quo qui devient encore plus dramatique suite à la destruction de la machine à faire des anges (ou à une autre époque, une machine à créer des super soldats). La structure hiérarchique s’effondre et ça revient bien vite, pour les « anges », au chacun pour soi. Certains conservent leurs idéaux et se placent en protecteurs de l’humanité. D’autres deviennent des hédonistes, d’autres cherchent vengeance, conquête ou simplement des réponses.
Contrairement à Engel, c’est donc un jeu plus « ouvert », où les joueurs sont plus libres dans leur concept de personnage (tu peux même faire un robot ou un OGM) ou dans le type de partie qui leur est présentée. Ça me plaît d’avantage, mais c’est clair que ce n’est pas tous les joueurs qui sont attirés par cette quête identitaire qui sous-tends souvent ce type de jeu.
Engel, comme Lesser Shades of Evil, sont deux excellents jeux et méritent amplement leur place dans une bibliothèque. Je crois que je préfère le background plus mystérieux d’Engel, mais le style de jeu offert par Lesser Shades of Evil, ainsi que la nature particulièrement tordue de certains commandements, me plaisent aussi beaucoup. Bref, un beau trio, avec Nobilis, pour satisfaire tous mes besoins dans la niche ma fois très pointue des jeux d’anges.
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